Une "belle" crise de la dette

Publié le par MJCF Isère

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 L’Europe est endettée, mais pas plus que le Japon ou les Etats-Unis. Pourtant, on court tout droit vers l’implosion de la zone euro, suite à des attaques spéculatives. D’où vient cette fameuse crise de la dette, qui rend les nations exsangues ? La dette augmente et pourtant les hôpitaux crèvent de faim. Gaspille-t-on des euros dans l’éducation nationale ou dans l’université publique ? Non. Les médias, qui sont peut-être les plus grands promoteurs du néolibéralisme, ne sont pas prêts à donner des explications valables quant à ses tragiques conséquences, puisque cela impliquerait une remise en cause fondamentale de toute l’œuvre de leurs principaux experts et éditorialistes, mais aussi et surtout des grandes multinationales qui sont les propriétaires des groupes de médias. Tentons alors d’éclaircir la situation.

Les marchés financiers, dont les banques, assurances, fonds de pensions et grandes fortunes sont les acteurs, matraquent par divers moyens la sphère productive pour en extraire des rendements faramineux. Ces rendements attirent un tas de capitaux disponibles que des réformes, notamment fiscales (libre circulation des capitaux), ont rendus vagabonds. Ceux-ci font grimper les cours boursiers à des niveaux qui ne trouvent aucune justification dans la réalité c'est-à-dire qu'ils ne correspondent à aucune valeur réelle, c'est que l’on appelle une bulle spéculative. Lorsque celle-ci retombe -et elle le fait à un moment ou à un autre, ici à l’automne 2008- elle entraîne avec elle l’économie réelle par divers canaux de transmissions. Cependant, pour soutenir l’économie et l’emploi qui en dépend, l’État a entre autre le devoir de s’endetter: d’où les déficits publics récurrents depuis 2009. Toutefois, la zone euro est construite de manière si perverse que les traités interdisent aux États membres de s’aider, ni même se prêter entre eux, et ne peuvent se financer qu’auprès des marchés financiers, ceux-là même qui ont généré la crise.

Ainsi, la solution au problème du financement viendrait donc de ceux qui l’ont rendu nécessaire ! Il faut dire que le jeu en vaut la chandelle: les titres de dette publique rapportent des intérêts (payés par le contribuable) à ceux que les Etats, via les réformes fiscales injustes telles que l'allègement de l'ISF, se refusent à taxer. Or certaines économies sont plus fragiles que d’autres, ce qui justifie une prime de risque pour les investisseurs. Cette prime de risque asphyxie un peu plus l’économie concernée et la rapproche alors de l’insolvabilité. Cela inquiète les investisseurs et entraîne donc la hausse des taux d’intérêts1… Les marchés financiers ne sont rassurés que temporairement par des mesures qui vont dans leur sens : privatisations, flexibilisation, fiscalité minimale pour le capital… Car ces mesures ne rendent pas l’économie concernée viable pour autant, bien au contraire, ça ne fait que l’enfoncer dans la spirale récessioniste.

Plus on se rapproche du mur, plus on accélère, bienvenue dans la zone euro.


Par A. F. (MJCF Isère)

 

 

 

1 C’est ce que Keynes appelait des prophéties auto réalisatrices. Les opérateurs ne vont pas se gêner pour s’inquiéter des performances de la Grèce puisqu’ils ont intérêt à le faire, l’inquiétude se traduisant par une augmentation de la prime de risque.

Publié dans Bataille des Idées

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